Un Président d’Université agressé.

Quelques remarques psychocriminologiques sur les agirs infractionnels dont la cible apparente est la réputation ou la notoriété.

Des faits.

Le président de l’Université de Rennes a été pris à partie et agressé physiquement lors de la rentrée universitaire et de la prise de contact avec les nouveaux étudiants en 2009. Il a été l’objet de projection d’un seau de lisier ; ce que l’on pourrait considérer comme une arme par destination. Le fait qu’il ait porté plainte pourrait aller dans ce sens. Une agression physique indirecte.
Moins une rébellion qu’un outrage à une personne publique.

Des contextes

L’université de Rennes 2 se caractérise depuis fort longtemps par sa capacité à attirer et à subir les actes d’agressions de divers mouvements sociaux plus ou moins structurés ou organisés ; au point qu’on puisse avancer qu’elle est remarquable par sa capacité de résilience ! On dit aussi que ces groupes actifs ne sont pas nécessairement des étudiants. Ou bien encore qu’ils peuvent dépendre de différences mouvances qui n’ont jusqu’à présent jamais été totalement identifiés bien qu’ils aient pu être qualifiés de différents noms soit par la presse soit par le président. Le moins qu’on puisse dire est que Rennes 2 est une université en phase avec un réel sociétal ordinaire, nourri des affaires qui durant tout ce premier semestre a entretenu les différentes chroniques concernant les entreprises en difficultés pour des motifs qui ne tenaient pas nécessairement à elles mêmes.

Doit-on s’en montrer indigné ? Utopie et éthique en viennent toujours à se confondre : les indignations se font alors d’autant plus pressantes et les jugements victimaires d’autant plus exacerbés. L’hostilité est déclarée : on nous en veut, et plus loin, on ne nous dit pas tout. L’annonce récente par le ministère de la création d’un conseil d’évaluation des études en sciences humaines et sociales est vécue à l’égal d’une déclaration de guerre : un contexte victimal est annoncé. Cette tendance est dans l’histoire récente ( ?), manifeste, dès qu’un changement politique, social ou universitaire est en cours et amènerait à des révisions déchirantes des contextes sociaux existentiels, des contextes dans lesquels les savoirs universitaires se sont élaborés, dits autrement et entre autres, des droits acquis.1 Il n’est pas rare d’entendre alors à ce sujet et quelque soit les milieux universitaires de Rennes 2 et d’ailleurs, avancer qu’il s’agit d’une atteinte inconsidérée aux droits de l’homme, à la justice sociale, au développement universitaire, à la cohérence des formations scientifiques de la nation. Bref toujours une fin des mondes est annoncée.

Rennes 2 présenterait cette caractéristiques moderne ( !) : être une université d’une part en pointe dans certains secteurs, être d’autre part l’objet constant d’attaques internes ou externes, qui visent à nier sa spécificité ou bien encore être l’objet d’attaques de groupes qui en y trouvant un asile la mettent en défaut, soit en la prenant à partie comme institution soit en s’en prenant à ses forces internes de renouvellement.

Prudences

Ne nous méprenons pas : toute violence physique atteignant la personne et ses appartenances doit être considérée comme inacceptable. Condamnable à double titre : au nom de la personne qui est visée, au titre de la fonction qu’il incarne dans le champ social symbolique.

Prenons garde cependant de faire d’un cas particulier un cas unique et singulier : les agressions contre les services de l’état, ou contre l’état lui même sont loin d’être circonscrites dans la malmenance faite à un (seul) président d’université. Les vœux qui ont soutenu la personne d’un président agressé, de la part des différents représentants de l’état et des collectivités (voir O.F. de vendredi 4 septembre 2009, etc.…) ont été de même ampleur que l’attaque faite à un quelconque de ses membres. L’institution est bien adossée au champ politique.

Un objet de préoccupations

Ce qui doit nous préoccuper, au delà du fait brut et isolé, c’est la réitération et ce qu’elle implique: la mise en série d’actes de maltraitances doit nous contraindre à réfléchir sur les malveillances en cause et sur ce qui les suscitent.

6 propositions peuvent être mises à l’étude :

1-la cible choisie.

Ce qui doit nous préoccuper au-delà de la réitération dont nous parlons à propos de Rennes 2 c’est la cible choisie : des services de l’état par opposition aux entreprises privées…. Que ce soit un président d’université, un préfet, un recteur, un directeur… le corps des pompiers ou des policiers, des gendarmes ou des agents des agences de sécurité. Certes ce qui fait scandale n’est apparemment pas le même dans les uns ou autres cas. Mais dans le fond il s’agit d’une même cible et c’est cela qui doit retenir notre attention. Un service de l’état ou un représentant d’un service de l’état se trouve pris à partie, pour ce qu’il est lui même autant que pour ce qu’il représente. Nous disposons (au moins) de deux types d’analyses pour rendre compte en sciences humaines :

Les analyses institutionnelles en donnent de nombreuses illustrations : dans une institution, quelque qu’elle soit, la cible l’est à deux titres : au titre de ses agissements passés, tels qu’ils sont vécus par le groupe ou la personne attaquant, et au titre de ce qu’elle représente symboliquement pour le plus grand nombre d’une part, pour les services de l’état ou des collectivités d’autre part. Personne et institution sont à interroger. Qui sert de bouc émissaire ?

Les analyses victimales apportent d’autres éléments de compréhension : à force de ne pas se faire entendre, des groupes ou des individus en viennent à œuvrer dans le registre d’une victimisation secondaire… criminogène. Dans une forme d’inversion, la surdité des interlocuteurs visés crée en contre coup des comportements qui quand ils n’en viennent pas à dépendre du champ psychiatrique (les dépressions, les processus de quérulence…) en viennent à relever du champ de la justice : un délinquant nait et se substitue à ce que le public appelle d’une manière si bizarre « c’est un psychique ». Qu’est ce qui est l’objet d’un retournement ? Les nombreux suicides dans certaines grandes comme celles internes au milieu carcéral de ces derniers mois doivent être interrogées dans le même sens.

Les analyses politiques criminelles centrées sur les revendications identitaires dont les terrorismes sont l’une des figures. Terrorisme qui passant d’une mode de construction sectaire engage un réel travail sectaire de destruction par inversion et destructions des valeurs en cours. Dans un monde clos y-t-il de la place pour un autre ?

2-Les modes d’attaques et de perturbations.

Parallèlement aux analyses précédentes, la typologie des modes de perturbations et d’attaques : perturbateurs oraux, occupation des lieux, vandalisme, agressions physiques, souillures de la personne, souillure des lieux, létalisation de la personne visée pour ce qu’elle est personnellement et la symbolique qui lui est associée. (On peut sans aucun doute se rapporter aux travaux de P. Boumard sur les différentes formes d’intimidations dans le champ scolaire ou encore aux échelles d’insécurités de la police ou de la gendarmerie … ou encore aux travaux de Larguèche sur l’effet injure…). Typologie qui est susceptible de nous offrir un barème de la densité des violences en cours et en réaction des actions de protection à mettre en œuvre…

3-Les lieux d’attaques.

Il convient de circonscrire une égale typologie et sur une échelle d’intensité les lieux d’attaques : rues magasins, bâtiments publics, universités, magasin, supermarchés…. ;

4-Les auteurs :

Agriculteurs, éleveurs, marins, ouvriers, étudiants, enseignants, universitaires et chercheurs…… dans la mesure où il ne s’agit plus dans l’ère scientifique actuelle de penser en termes de généralités mais de « anybody hot spots, a few of us », spécifiques.

5-Les objets-cause des attaques.

Sans oublier la formulation et la mise à jour des objets lieux et tenant lieux de la protestation : le droit à l’emploi et quel emploi, le droit au savoir et quel savoir, le droit au logement et quel logement… l’immigration, les hôpitaux, la santé, les taxis…

6-L’objet négociable.

Qui en sera le médiateur ? Qui en tiendra la parole ? A quoi tiendra sa légitimité ?

Des savoirs être à acquérir et protéger

Nul doute que nous assistons et participons à de continuels déplacements des objets et lieux de contestation et que d’autres part les formes prises sont en étroite dépendance avec ce qui se trouve d’une part disponible et d’autre part symboliquement représentatifs sur les plans métaphoriques d’une forme-contenu de protestation : entartrage, tomates, œufs, lisier…etc. Symétries et contrepartie des lancers de fleurs, de confettis, de grain de riz… Fête et « Défète » d’une certaine manière de célébration en quête d’auteurs : entre mascarades, fêtes de mi carême, days drag-queens, carnavals, mises à mort collective… Envers et endroit d’une dérision qui se prend parfois au sérieux et finit par croire à ce qu’elle invente.

Dans l’agression en cause nul ne peut douter, sans mettre en pôle positon, une mauvaise foi, que la cible doit être entendue comme le lieu du plus grand des ressentiments. En ce que l’université en général signifie, en ce que Rennes 2 signifie. Chacun peut s’indigner et jamais l’indignation ne sera assez grande au regard de la norme « respect des lieux et des personnes et des fonctions » dans leur intégrité physique et psychique.

S’il y a lieu de s’interroger sur ces « attaques des lieux de savoirs et de patrimoines », Il y a lieu de s’interroger, ce qui reste à faire sur les agressons répétées contre une même personne, sur les agressions répétées sur un même topos. Briefing-débriefing ? Examen de conscience ? Brain storming ? Rester/Partir, Renouveler/Persister ?

Il y a lieu de s’interroger sur les formes polymorphes d’autres attentats semblables susceptibles d’avoir été exercées par les gouvernances en place et auxquelles d’autres se développent en symétrie ou en surenchère… comme sur la transmission réalisée de telles formes de malmenances.

Des modèles dans l’étude des crises

Nous l’avons vu divers paradigmes sont disponibles : le modèle psychiatrique ou psychanalytique d’une dynamique encoprétique ? Le modèle politique du terrorisme de groupe ? Du terrorisme d’état ? Le modèle de la victimisation secondaire…celui du chahut…

Nul ne doute non plus que chacun choisira le modèle qui le conforte dans ses opinions mais au-delà de celles-ci un modèle conflictuel de paix sociale reste à promouvoir avec des hommes et des femmes, des institutions, responsables, capables de le soutenir, et cela ne peut aller sans partage,. dans des pratiques capables de ne pas céder au plus fort pour garder les peu de pouvoirs dont chacun se trouve chargé à sa demande.

Pour cela ce n’est pas de héros dont nous avons besoin.

Mais d’utopies, et de services capables de les mettre en forme.

L.M. Villerbu le 5 septembre 2009

Sources : Ouest France, Télégramme, Le Monde, Google.

1 Ci-joint la copie d’une note diffusée par le SIUERPP…SOCIÉTÉ-Article-paru le 4 septembre 2009

« Les sciences humaines dans la ligne de mire de Pécresse Universités. La ministre de l’Enseignement supérieur veut recentrer les humanités sur des objectifs de compétitivité, d’évaluation et d’innovation. À deux semaines de la rentrée universitaire, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, multiplie les déplacements, les rencontres et les points presse. Mercredi dernier, elle a prononcé un long discours devant les vingt-huit membres du tout nouveau Conseil pour le développement des humanités et des sciences sociales. Créé en 1998 par Claude Allègre, ce conseil reprend du service pour une durée d’un an. Ses missions ? « Définir une vision stratégique pour l’ensemble des disciplines de sciences humaines et sociales, clarifier les enjeux de formation et d’insertion professionnelles, favoriser l’excellence académique et la compétitivité, et accroître l’ouverture des sciences humaines et sociales vers la société et l’économie.»

Dans son allocution, la ministre exprime une volonté de reprise en main de disciplines considérées comme trop « subjectives », trop indépendantes et, par conséquent, génératrices d’une pensée critique. En un mot, contestataires. Ce que la ministre n’est pas loin d’assumer : « Je le sais, bien des craintes et bien des inquiétudes traversent la communauté des sciences humaines et sociales. Le mouvement du printemps dernier l’a montré : c’est en son sein que les interrogations sont les plus vives.» Du côté des universitaires mobilisés, le but de ce conseil éveille plus que des interrogations quant à l’avenir des disciplines visées. Pour Jérôme Valluy, professeur de sociologie politique à Paris-I, « Valérie Pécresse a bien compris que les sciences humaines et sociales ont fortement contribué au mouvement d’opposition à ses réformes et semble vouloir les traiter spécifiquement à l’aune de ses mots clés : programmation technocratique, utilité pour les entreprises, évaluation et concurrence, visibilité internationale… Quatre façons de garantir le déclin de leur influence dans la société. » Autre réaction, celle du SNESup. Pour son secrétaire général Stéphane Tassel, ce conseil « sous- tend une logique utilitariste et de mise en concurrence». Enfin, la composition de ce conseil laisse rêveur. La présence de « personnalités qualifiées », comme Franck Riboud, PDG de Danone, du PDG d’un cabinet de services financiers, et de personnalités telles que l’explorateur Jean-Louis Étienne ou l’éditorialiste Jacques Julliard, pose la question de la représentativité et de la pluralité intellectuelle de ce conseil. Ces nominations, loin d’être seulement symboliques, plongent un peu plus encore l’université française dans la marmite des logiques managériales du monde de l’entreprise. Ixchel Delaporte »

Résultats d’un COS aussi pire que les précédentes sessions de recrutement.

Et pourtant, cette fois, la composition des jurys étaient prévus a priori et comme modèle à la mesure des postes fléchés ; des représentants bi ou pluridisciplinaires possibles, susceptibles de donner des avis autorisés sur des candidats. Le modèle de constitution d’autres commissions dans d’autres universités en France….sure le modèle d’autres universités en Europe et ailleurs.

La mention de l’impartialité comme marque distinctive d’un renouveau de sélection ; le refus de commission protéiformes, multidisciplinaires pour des postes fléchés. Le souci officiel de responsabiliser les équipes et laboratoires de chercheurs et enseignants … Bref : aller au-delà de l’être entre soi(s).

Las, nous apprenons qu’il n’y aura dans notre commission que des cliniciens d’une orientation sur-majoritaire, organisés en réseaux de commissions monolingues alors que le poste est fléché clinique et criminologie, que tout un chacun sait qu’il y différentes manières de poser la clinique… mais… ; de travailler la psychologie projective, d’œuvrer en criminologie… font référence à d’autres cliniques. Nous aurons une explication : cette année est expérimentale et il faut faire vite : composons avec l’urgence et puis tout est décidé au niveau central… alors…

1ère Journée du COS

Las, nous savons que depuis trois CS les cliniciens appartenant au même courant et domaine lacanien, se justifiant des Préconisations du SIURPP, font systématiquement barrage aux candidats (au pluriel) à ce que nous pouvons soutenir dans les axes de nos travaux et de leur développement que l’AERES a souligné positivement (et seulement ceux là) dans sa dernière évaluation de l’équipe d’accueil.

Las, nous qui pouvions croire que cette fois le passage respecté par l’AG de département, le profil d’un poste bi disciplinaire, en psychologie projective et criminologique pouvait donner leur chance à des candidats qui osent travailler au delà des sentes habituelles et ressassées d’une psychopathologie générale…s’appropriant le champ lacanien comme territoire privé.

Las le premier jour de la commission nous déchantions : les attaques contre le cadre du profil n’ont cessé de se développer, comme si le vote de l’AG, les besoins en développement d’une sous équipe n’avaient pas leur légitimité. Tout cela balayé d’un revers de main :
La psychologie projective ? il suffit de faire la différence des processus de projection que l’on trouve dans les névroses, psychoses… c’est à la portée de n’importe qui.

Et les techniques projectives qui en a encore l’usage, et la criminologie, ce n’est même pas une discipline ?

Et la définition d’un profil : cela ne sert qu’a arranger une candidature.

Et qu’un dossier soit donné incomplet aux lecteurs : ça doit être un oubli du postulant, ou un acte manqué… que dans les documents offerts aux lecteurs il manque les mêmes pages (lettre de motivation, enseignements universitaires), «on ne sait pas d’où cela provient ».Sans que rien ne soit mis en place pour aller plus loin. Et puis de toute façon le candidat n’aura qu’à compléter son dossier… à l’audition…

Et que trois candidats au moins puissent être plus proches du poste, qu’importe si un troisième plus proche des courants de l’autre laboratoire dominant (12 membres du COS sur 16) se présente (comme lors des trois recrutements précédents qui étaient pourtant fléchés criminologie et psychologie) : il s’agit d’une même équipe d’accueil ! Soit : allons vite, faisons des votes indicatifs… et retenons deux candidats (les plus opposés) : il faut faire attention aux ressources qu’exigent des déplacements…restons humains et pragmatiques.

Et surtout n’entrons pas dans une discussion sur les candidats, attendons la prochaine séance.

Résultats : il y a 12 appartenants aux champs lacaniens, 4 malheureux enseignants chercheurs privilégiant d’autres champs et d’autres cliniques. Comment faire le poids ?

Vote écrasant : 12 contre 4. (En a parte) A quoi sert de se réunir sinon à soutenir une fiction et un profit équivoque ? Ne faudrait-il pas mieux que l’université fasse des économies ?

Intermède : entre les deux séances

Un membre externe du COS, professeur, ne peut plus se libérer au jour dit. Qui va se retirer des membres internes ?

Grave problème de conscience. Puisqu’il il n’existerait aucun critère formel de présence ? La proximité avec le profil ? Mais le CA ne reconnait pas la criminologie, dit-on dans la commission. Donc dans cette réunion tout le monde est semblable. Encore plus grave c’est à un professeur de se retirer. Qui ? Si tout le monde est semblable ? Clinicien. C’est la référence puisque le poste est fléché clinique. D’autres fois il fut fléché psychopathologie et tout le monde était psychopathologue. Il faut seulement distinguer les vrais et les similis.

On trouve une solution lorsque l’un des membres extérieurs insiste sur la différence de compétences : ne peuvent se retirer les rapporteurs, c’est évident, le président(le co– est superflu) mais le directeur du laboratoire demandeur ? Le directeur de thèse d’un des candidats qui avait donné le dossier à lire à l’un de ses amis du même laboratoire qui n’a de la criminologie qu’une seule définition, « c’est indéfinissable » et dont les spécialités sont la psychose et l’autisme) dit qu’il va se retirer (pourquoi ne pas avoir confier le dossier à un autre membre, spécialiste du profil criminologie et projectif ? chut, ce n’est pas une question à poser, douterait-on de l’impartialité des rapporteurs ?). Ouf, congratulations pour son esprit de sacrifice. Débats. Le sauveur sauve tout le monde, il se retire : nouvelles congratulations et soutien d’un comportement aussi oblatif ! Tiens donc, c’est le même qui trouvait offensant dans la séance précédente que l‘on insiste sur le fait que le dossier était incomplet et qu’il conviendrait d’en connaitre les raisons.

Que les autres entendent ce qu’ils peuvent : la division est en marche, elle fonctionne bien, il y a ceux qui s’offrent en sacrifice et les autres. Celui qui se retire est nécessairement quelqu’un de bien, un homme de bien : on sait son rapport à l’éthique, exigeant. On ne pense pas à lui attribuer d’autres facteurs que sa volonté de bien faire. Le souci qu’il peut avoir de lui-même dans tout cela ? Offensant comme question : il a placé sa décision sous régime de l’éthique. Alors…

2ème Journée du COS

Entre temps une demande est faite de consulter le dossier du candidat retenu qui du point de vue des membres du laboratoire demandeur et dont le profil, répétons-le, avait été accepté en AG de département, ne répondait à aucun des critères affichés.

Première réponse : une telle consultation doit rester confidentielle et restreinte aux membres du COS. Comme si cela n’allait pas de soi. Donc refus.

Réitération de la demande après consultation de la direction des ressources humaines et de juriste conseillers: acception mais sous surveillance, en présence du rapporteur, du Pt de la Cos et d’un membre extérieur, puis d’un autre : 3 contre trois. Liberté surveillée, et échanges de propos volontiers ironiques. Rien sur la lettre qu’entre temps un des membres de la COS a pu écrire au Pt de l’université avec copie au Pt de la COS sur l’anomalie constatée dans le document offert.

Session d’audition. Il nous est dit que notre temps est compté, l’un des membres doit partir à 16 h30, l’autre à son avion. Discuter, oui mais dans un temps limité. Le début de la séance est à 14h30. Proposition de règles pour cette séance ; un temps limité, une discussion encadrée. Bref les conditions ouvertes pour un échangé détendu et exploratoire avec l’un ou l’autre des candidats ! Et surtout que l’on ne pose pas trop de questions. Il s’avérera même que les réponses attendues du candidat soient données par les membres de la commission. Qu’importe nous sommes des gens du même milieu. Discussions de salon en perspective, surtout ne demandons rien qui puisse blesser.

Temps 1

Ouverture avec le premier candidat. Lequel du point de vue de la sous équipe demandeuse ne répondait à aucun des points du profil lors de première session.

Absence de communications et de travaux dument mentionnés en criminologie, agressologie et victimologie,
ou en psychologie projective.

Absence d’usage de psychologie projective, absence d’enseignement dans cette matière.

Il est à 7 ans de la retraite.

Remarques faites sur l’inadéquation au profil : des réponses arrivent ; travailler dans le milieu carcéral n’est-ce point faire de la criminologie, faire des expertises n‘est-ce point faire de la criminologie, certes reconnaitra-t-on jamais le terme n’est utilisé dans les écrits ou les propos du candidat ( alors que cela était mentionné comme condition pour pouvoir postuler dans le profil) : jamais la référence n’est mentionnée mais qu’importe puisqu’il va de soit que faire de l’analyse clinique lacanienne et sous la protection référentielle du SIURPP ( qui dit que…), dans le champ carcéral est faire de la criminologie. Laquelle criminologie saurons-nous plus tard ne répond à aucune des interrogations du candidat : il demandera même, mais que veut dire modéliser la criminologie. Lui c’est un homme de terrain. Bref un thérapeute ou un expert qui de près ou de loin propose des dispositifs de traitements à des personnes sous main de justice et incarcérées et fait forcement de la criminologie : faire de la psychopathologie, proposer de la thérapeutique dans un espace temps carcéral, c’est faire de la criminologie. La baignoire, le bébé et l’eau du bain c’est nécessairement la même chose. Nous avions déjà entendu quelque chose de semblable il a quelques années dans de mêmes conditions : je connais des magistrats, je travaille avec des policiers. .. donc je fais de la criminologie. Dis moi qui tu fréquentes je dirais quelle est ta discipline référentielle.

Bref, mais redira un autre que veut dire criminologie, il y a autant de définitions que de déclarants… alors et puis, plus encore, la criminologie n‘est pas reconnue comme sous-sous discipline de la psychologie au conseil d’administration de l’université, alors au nom de quoi vouloir identifier de la criminologie, et pire, un profil ? Et si des collègues recrutés et imposés précédemment au titre de ce même artifice n’ont trouvé aucune insertion de laboratoire et d’enseignements dans les domaines psycho et criminologique de la sous-sous équipe c’est bien parce qu’il ne leur été offert aucune place… acceptable. Et non pas parce qu’ils n’ont produit aucun travail , communication ou recherches en criminologie. Ca n‘est jamais parce qu’ils pouvaient être inadaptés au profil ou parce que leur ambition ne concordait pas avec les besoins de développement de la sous- sous discipline. Le processus de responsabilisation est toujours de l’ordre d’une externalisation : pas coupable mais victime.

Rien n’est alors plus facile que de laisser sous entendre que la sous-sous équipe souhaite des profils tellement forts qu’ils ne peuvent conduire les postulants qu’à adhérer aussi fortement et sans retenue à la demande. Aliénés en quelque sorte à une demande extérieure et peu éthique, peu heuristique… Bref quand un laboratoire cherche selon ses propres exigences un développement il est nécessairement constitué dans un esprit totalitaire. Ajoutera une autre. Le sectaire c’est toujours l’autre.

Quid alors d’un candidat que l’on veut imposer à une équipe ? Nécessairement une personne détachée de toute contingence, qui considère la clinique comme « c’est ceci ou cela, mais certainement pas ce qui est souhaité… par une sous-sous équipe »

Quid de la connaissance en psychologie projective ? Les réponses sont sous la forme de l’usage de tests projectifs, et démonstration à l’appui : la lecture des missions expertales. Tiens donc : missions expertales et usages de tests projectifs iraient de pair ? Alors que dira un autre, qui ne brille pas pour son goût manifeste pour la criminologie qui vient d’assister à une session complète d’assises (tiens les temps changent depuis le temps où personne ne voulait entendre parler psychologie et justice…) que les magistrats se fichent totalement des réponses instrumentales, réifiantes et scientistes… Bref toutes les réponses se dérobent, et quelqu’un connait toujours quelqu’un qui connait quelqu’un, qui…donc…

Certes il peut y avoir un usage qui n’a pas nécessairement à se justifier quand on exerce la profession, mais alors comment enseigner et au niveau d’un L2 ? Difficile d’enseigner des tests notamment projectifs quand on sait, en clinicien, ce qu’ils peuvent soulever comme problèmes récurrents et personnels. Enseigner quoi alors ? Une manière de s’en servir ? N’est ce pas trop tôt ? Il ne vient à l’esprit d’aucun honorable correspondant que la question est d’abord celle de la méthodologie, de l’épistémologie, des approches comparatives et critiques, d’une clinique en train de se construire à la fois dans le temps historique et dans le temps d’une scansion de consultation. Bref un enseignement universitaire classique et non d’école appliquée. Bref si la clinique est, pourquoi aller voir du coté épistémologique ? Restons-en à la clinique du quotidien. Et pour celle-ci, à celle d’un sujet dont l’hypertrophie singulière finit par le transformer en entité narcissique de celui qui en parle. Mais qu’importe, la clinique du sujet est une clinique révolutionnaire, une clinique de l’opposition, la clinique de l’appel des appels… gare à la victimologie, et qui peut se permettre de résister à un tel fondement idéalistique ? Il faudrait être mécréant pour refuser une telle vérité. La boucle est bouclée. Il y a un espace temps hors duquel il n’y a pas de salut. Et certains non seulement connaissent les voies du salut mais encore comment y parvenir. L’heuristique dans tout cela ? Qu’importe il faut tenir un cap.

Seule la clinique compte : toute autre dimension non seulement est impensable mais blasphématoire. Et la clinique c’est celle qui nait de s’être coltinée avec le réel ! Le réel d’un espace temps thérapeutique. Il y a eu un autre temps dans des conditions semblables on entendait aussi : qu’importe de se spécialiser dans un champ particulier puisqu’il s’agit toujours du désir !… et de désir : messieurs, mesdames analysez donc vos désirs avant toute exigence. Pourquoi faire des profils il suffit d’être un « vrai » clinicien.

Tiens donc, dans le profil du poste, cette dimension, votée en AG du département parait disparaitre des préoccupations. Il n’y aurait ainsi pour de psychologues cliniciens que la clinique des cliniciens thérapeutes. Tout autre clinique, nécessairement déductive serait en fait douteuse, intellectuelle, formelle, sans pertinence, sans objet.

Bref le vote d’une AG, le souci de développement d’un espace heuristique de laboratoire, de ses axes de recherche, reconnu en AG, par les instances scientifiques extra locales, et ailleurs ne pourrait se satisfaire que dans la bien pensance d’un groupe qui a occupé progressivement tous les lieux de pouvoirs institutionnels. Et l’éthique dans tout cela quand un groupe est persuadé de faire le bien, de penser le bien ou le bon pour un autre…et qu’il sait ce qui est bon pour lui ! Maladie de l’idéalité ?

Qui fera le partage, à quand un comité d’éthique ? Ah, tiens justement le candidat se pose en garant d’une éthique médicale, il fait partie d’un comité et depuis il réfléchit sur les rapports de la recherche et du soin. Si tard à son âge ?

Et qu’en est-il sur le plan éthique d’une candidature qui s’ose, dont les référents sont si éloignés d’un profil souhaité ? Une question offensante. Dont s’offusquent certains membres du COS, avec un trémolo dans la voix. Où sommes-nous ? En cure ou dans une entreprise de recherches et d’enseignements en phase avec les modifications des normes et valeurs sociales, subjectives ?

Bref un premier candidat excellent, qui présente bien, sûr de lui qui viendra habiter Rennes et travailler sur Rennes, c’est sûr il le dit. Mais que fera –t-il de ses investissements en cours et notamment de la création récente d’une association concernée par l’enfance, et les tensions sur le lien social (de criminologie : rien) ? La réponse se fera attendre, on l’attend toujours. Bref un bon candidat, quelqu’un dont on est sûr qu’il n’adhèrera en rien aux besoins formulés par une sous sous sous équipe de chercheurs qu’un CA, dit-on, ne reconnait même pas sur le plan sous sous sous disciplinaire.

Ses projets ? Il peut dire des axes de travail (il a consulté internet), et dire en même temps qu’il ne les comprend pas… ne les partage pas. A-t-il pris contact avec le laboratoire concerné ? Non à la différence de nombreux autres candidats de cette ouverture de poste. Lui ce qu’il veut c’est travailler sur la lettre et le corps, faire de la recherche et transmettre son expérience. Où est le chercheur dans tout cela ? S’agit-il d’une candidature à une école professionnelle ? Mais alors que faisons-nous à l’université ? Est-elle réductible à une école de praticiens ? Et quel rapport avec le profil ? A-t-on d’ailleurs besoin d’un profil puisque tout profil est une instrumentalisation ?

Certes il a communiqué, mais dans un cercle restreint à des semblables, aucune référence nationale ou internationale… Une chose est sûre c’est qu’il est cité ; il a compté le nombre de fois : 4. Serait-ce à compter comme publications ? Et pourquoi communique-t-il toujours avec la même personne ? S’il fait partie d’un laboratoire comme il l’affirme qui sont les autres avec qui les travaux sont partagés ? Son réseau dont on sait qu’il est, comme pour un chacun, une grande partie de la réussite scientifique des travaux ? Aie, scientifique, le mot à ne pas utiliser ! Et s’il travaille avec les AICS qu’en est-il de ses implications dans les centres de ressources créés en 1998 ? D’autant qu’il travaille en SMPR : il s’agit pourtant là d’un critère acceptable tant de notoriété que d’expérience clinique !
Troublant.

Nous sommes plusieurs à travailler sur et pour l’expertise, tant du point de vue clinique, historique et épistémologique ; communications nationales, internationales, travaux en contrat…. S’il sait ce que le profil demande pourquoi vient-il nous lire (littéralement) les missions expertales confiés à un expert ? Ne sait-il pas que ses missions sont en plein redéploiement ? Que les questions se sont déplacées et continuent à l’être ? En quoi veut-il faire leçon ?

Que cherche-t-il à prouver ?

Bref un candidat qui sait dire ce qu’il vit et ressent. Selon la formule utilisée, à l’entendre on sait qui il est et ce à quoi il croit. Un profil rassurant.

Temps 2

l n’est pas psychologue patricien, il n’a pas 30 ans d’exercice derrière lui, il n’est qu’ingénieur de recherche dans une MSH, recruté à la sortie de son doctorat, dirige des équipes, des travaux et des colloques ; il a soutenu une thèse avec les félicitations du jury (mais on la donne à tout le monde et ça ne veut rien dire et en plus les CNU en disposent comme ils veulent). Il est chercheur, il a accumulé les travaux de recherches en psychiatrie, en criminologie, sur la question du genre, est intéressé par tout le contrôle social implicite qui se met en place dans les espaces les plus reculés des veilles médicales, s’est trouvé au cœur d’actualités criminologiques, carcérales et déviantes en grandeur nature, au-delà du cabinet( ce que nous cherchons…), a travaillé sous contrat, les a cherchés, est connu sur le plan international pour ses travaux, est lecteur expert d’une revue à comité de lecture…

Il parle sans note, clair et précis… mais s’il dit aussi bien c’est parce qu’il a appris par cœur… son soucis scientifique est épistémologique, son champ est le lien social…ses lectures Freud et Lacan et les autres, mais tout cela fait foucaldien, et peu clinique… et cela frise le syncrétisme, la perte de la clinique dans la sociologie. Se donne-t-il un cadre pour conceptualiser, et va-t-il chercher ses documents dans des horizons disciplinaires différents, est–il vraiment clinicien ? Il a travaillé comme psychologue un temps… mais c’était dans le cadre d’une recherche… S’il a eu l’usage de psychologie projective, c’est si peu qu’il est difficile de dire qu’il en est spécialiste…Un membre éminent du COS a même entendu qu’il ne les avait utilisés qu’une fois… donc rien de mieux que le premier candidat qui pourtant lui ne déclarait rien à ce sujet (ce qu’on nomme auto déclaration…) et puis il les a surtout enseignés, il ne les a pas pratiqués, enseigner n’est pas faire… ..C’est peut être une clinique mais tellement formelle, intellectuelle… certes il tente de se différencier de certaines écoles projectives : que n’a-t-il pas dit là !, les discriminations qu’il en fait ne sont pas pertinentes… de mon temps on distinguait ceux qui suivaient l ‘ECPA et les autres qui travaillaient par association…etc. Une pause d’anciens combattants.

Pense-t-on lui demander quelle est sa position ? Non le siège est fait : ce n’est pas un praticien, ce n’est pas quelqu’un qui en fait un usage originaire, et il n’est même pas expert. Il cite une expérience de recherche et projette un dispositif de travail clinique expertal ni plus ni moins que ce qu’à fait l’autre candidat quand pressé de question il lui avait demandé l’avenir de ses activités en venant dans la ville où il postulait ; on entend absence de clinique. 20 ans d’écart d’âge sont soulignés, mais on ne sent pas le candidat… cette question du sentir avait été un objet de débat, un autre temps, celui des CS : à ce candidat d’alors on lui avait fait quasi repasser sa soutenance de thèse. Pour mieux sentir et l’exclure au profit d’un candidat dont l’expérience clinique était sure. La preuve son Jury de thèse. Troublant, quand même, qu’une autre université ait souhaité l’accueillir dans un de ses laboratoires.

Ou alors, est-il criminologue ? D’autant que la criminologie ressasse-t-on n’a aucune définition… pourquoi plus celle-là qu’une autre ? Tout le monde peut s’en donner… Il va tenter de montrer comment s’articulent les éléments de ses réflexions doctorales mais le siège est fait. Ce n’est pas un clinicien, ce n‘est qu’un intellectuel, il procède par déduction.

Certes il a parlé sans note mais il parait triste, alors que l’autre… Le laboratoire a des projets de création internationale de Master, le projet est en cours de constitution, il est susceptible d’aller plus loin… son institution de référence serait-elle partie présente au travers de ses implantations européennes ? Il a l’accord de son responsable… mais que devient la clinique dans tout cela, est-ce bien raisonnable ?

Communique-t-il au niveau international et sur des thématiques(les siennes) qui entrent dans plusieurs horizons disciplinaires ? C’est cela qu’on appelle le syncrétisme et la perte de la clinique… Un bon clinicien ne peut avoir qu’un souci, communautaire, et pratiquer l’entre soi.

Le Vote

Toujours un moment décisif ; celui où l’on observe, dans la stratégie qui va être mise en avant, la préfiguration des résultats. Identique à celui du premier jour. Les jeux étaient faits. Le théâtre a connu ses actes différents; la pièce était écrite. Formes et procédures sont respectées. Le jury est souverain et puis, de toute façon il n’y a pas de procès verbal.

Aussi celui-ci ne peut en être un. Inattaquable.

Un membre s’émeut-il de cette situation faite au laboratoire et à son développement ? Dit-il sa crainte pour un avenir à venir, amputé de compétences fortes et souhaitées. Tout cela n’est que politique et passage : une résolution est prise. Faire le bilan des dysfonctionnements et travailler la main dans la main… Soyons unis, écartons les mécréants. Ceux qui osent soutenir que le roi est nu.

Le peintre Magritte avait intitulé l’un de ses tableaux : ceci n’est pas une pipe.

Et vous, pourrait dire le raconteur de cette pièce, à la recherche d’interlocuteurs, quel est votre avis ?

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